mardi 23 juin 2009

Critique "Easy Rider"


Easy Rider (USA, 1969).
Un film de Dennis Hopper. Ecrit par Peter Fonda, Dennis Hopper et Terry Southern.
Avec : Dennis Hopper (Billy), Peter Fonda (Wyatt), Jack Nicholson (George), Antonio Mendoza (Jesus)...
Date de sortie (Festival de Cannes) : 8 mai 1969 (Caméra d'Or).

Easy Rider narre classiquement l'épopée américaine de deux amis de longue date dans ce qui est devenu désormais le schéma du genre "road movie", itinéraire initiatique et d'apprentissage utopique d'abord, cynique ensuite.

Le film s'ouvre en séquences pré-générique sur une caractérisation immédiate des deux personnages principaux, esquissés à gros traits, qui sont établis comme marginaux (par le biais de la transaction illégale), étroitement liés par l'amitié (bien qu'antagoniques) et détachés (financièrement dans un premier temps).

Il serait réducteur, mais également partiellement faux, de caractériser le film de "hippie", ou même de révolutionnaire, du moins dans son procédé de cinéma. Aussi bien dans le rythme qu'imprime Dennis Hopper à son film que dans son découpage, ce sont surtout les effets d'esbrouffe qui voilent une construction étonnamment classique de scénario, tragique même. Les deux "camarades" vont découvrir l'Amérique, mais surtout la diversité des Américains : que ce soit lorsqu'ils changent leur pneu tandis que leur hôte change le fer de son cheval ou lorsqu'ils débarquent dans une ville du Sud instantanément stigmatisés pour leur aspect différent, ce sont les apparences et l'héritage d'une Amérique contingente en pensée que Hopper et sa bande veulent bouleverser.

Comme projet idéaliste passionné il n'y arrive qu'imparfaitement ou, disons plutôt qu'il ne pourra convaincre que ceux qui doutent déjà. Ces ébranlés devront alors écouter George, le personnage fougueusement et follement incarné par Jack Nicholson, qui livrera la quintessence de l'insurrection prônée par les compères : il parle de liberté et de son ennemie, la peur, où la caméra devient l'instrument qu'ont choisi ces acteurs. C'est une profession de foi qui jure le cinéma comme vérité, et peut-être comme seule réponse aux innombrables questions qu'ils se posent.

C'est le premier signe, sans doute infiniment plus fort que ceux illégaux mais, après tout, déjà, conventionnels de la drogue, de l'exil et de l'anarchie car rien ne les retient, même cette communauté idyllique et "Flower Power" où pourtant chacun se trouve une compagne.
C'est dans l'explosions qu'ils s'élèvent, par le pouvoir de l'imagination et non celui, irrémédiablement réducteur, des lois humaines et des refus apportés par leurs contemporains.

Nous étions en "1969, année érotique" donc de vie, nous pourrions nous demander s'ils continuent à être nombreux ceux qui se brûlent pour atteindre leur destination, ignorant le chemin.
Le Easy Rider ("Celui qui chevauche aisément") du titre est probablement celui qui se laisse porter par la machine, non pas celui qui ose et tente chacun de ses pas.

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