mercredi 19 août 2009

Critique "Le samouraï"


Le samouraï (France, 1967).
Un film de Jean-Pierre Melville. Ecrit par Georges Pellegrin et Jean-Pierre Melville.
Avec : Alain Delon (Jeff Costello), François Périer (le commissaire), Nathalie Delon (Jane Lagrange), Cathy Rosier (la pianiste), Jacques Leroy (le tueur)...
Sortie (France) : 24 octobre 1967.

Le film s’ouvre, en générique, sur Jeff (Alain Delon) allongé sur son lit, dans une chambre de bonne parisienne, immobile et froid, comme s’il était déjà mort. Le titre est immédiatement justifié par une citation extraite du « Livre de Bushido », proclamant la solitude du samouraï, qui est en fait un tueur, un bourreau plus exactement.

Jeff est méthodique et infiniment consciencieux, chaque geste semble avoir été répété d’innombrables fois et étudié plusieurs heures avant son exécution. En quelques plans-séquences, Jean-Pierre Melville brosse le portrait complet de son personnage, tout, sauf ses désirs, est à fleur de peau même si celle-ci est froide et dure comme l’écaille.

Filmant lui-aussi méthodiquement les manœuvres de Jeff jusqu’au premier meurtre commandité, Melville empreinte au tueur sa mise en scène, non pas dans le macabre mais dans une nécessité de l’évidence et du direct. Chaque mouvement de caméra est imprégné par une tentative de faire vivre son personnage, Jeff. Alain Delon lui insuffle une rapidité de félin, une froideur de cadavre et une mélancolie de poète, tout à la fois.

Ainsi va donc le film jusqu’au moment de la blessure physique du personnage et de la trahison qui s’y dissimule, faisant trembler jusqu’aux fondations les grands principes régisseurs qui le guide. Traqué par la police, un commissaire en particulier, qui met en œuvre des moyens considérables pour l’appréhender, Jeff louvoiera entre les auxiliaires et les agents à l’affût pour exécuter sa deuxième mission : une vengeance impitoyable sur ceux qui ont osé (par lâcheté) le trahir.

Jeff n’est ni homme ni démon, il semble voyager dans un royaume des ombres où il ne peut être atteint sauf si un principe fondamental est remis en question. Loin d’être flamboyant et passionné c’est un tueur raisonné, pragmatique presque détaché d’une réalité qu’il n’emprunte que pour s’en servir.

Servie par un grand acteur et par un grand metteur en scène, l’œuvre froide et policé devient lyrique et poétique, comme si l’essence même de l’humain se dévoilait par le meurtre, comme si le genre policier était un essai philosophique. Captant de manière remarquable l’attention du spectateur, la tension mène à une révélation que le mutique Jeff semble hurler à ceux (se limitant aux apparences) qui croient être ses congénères : toujours se battre pour ce qui meut et ne céder que les armes à la main.

Quand se clôt le film, on ne sait finalement si l’on a entrevu un fragment de vie ou un morceau de mort tant le fin fil sur lequel il s’est déplacé ne permettait un choix radical. Peut-être est-ce là même le propos : dans ce qui sépare deux conceptions inverses, c’est peut-être la frontière qui dit la vérité. Dans le cas de l’Homme la question ne se pose pas si simplement, mais au moins, pour ce Samouraï, elle s’affiche dans toute sa nudité.



1 commentaire:

Ken a dit…

Super film et super acteur! J'ai revu deux films avec lui tout récement; "Les aventuriers" et "Parole de flic", excellents films :)

Delon va tourner un film pas loin de chez moi à la mi-septembre dans le jura en Suisse, une petite recherche sur Google et vous saurez tout.

Faites un tour sur mon blog pour prendre des idées afin de développer le vôtre, et surtout, ne l'abandonnez pas.