samedi 4 juillet 2009

Critique "Arizona Dream"


Arizona Dream (The Arrowtooth Walz, USA, 1993).
Un film de Emir Kusturica. Ecrit par David Atkins et Emir Kusturica.
Avec : Johnny Depp (Axel), Faye Dunaway (Elaine), Vincent Gallo (Paul), Jerry Lewis (Leo), Lili Taylor (Grace)...

Le premier film en langue anglaise de Emir Kusturica n’est pas un premier film tout court comme l’on pourrait d’abord le croire. En effet, une lecture aux premiers et seconds degrés du film met en exergue, dans un premier temps, tout l’univers cinématographique américain dont Kusturica semble raffoler : cités pêle-mêle avec plus ou moins d’à-propos, on retrouve directement l’univers de Martin Scorsese (ici c’est Vincent Gallo – Paul Leger qui l’incarne) avec Raging Bull, projeté dans une salle de cinéma, Francis Ford Coppola (Le parrain) et Michael Cimino (Voyage au bout de l’enfer).

Dans ses citations habiles, Kusturica accumule les trouvailles de découpage et de mise en scène pour les transformer en clins d’œil, à la limite de l’hommage, ainsi la mouche qui vient imiter le grain de beauté de Robert de Niro. Sur le fil entre mimésis et plagiat, Kusturica va jusqu’à engager les gloires passées du cinéma américain Faye Dunaway et Jerry Lewis.

Cependant, ce premier niveau de lecture est largement insuffisant tant Emir Kusturica convoque un amour des acteurs immodéré avec une stylisation à l’extrême de métaphores plates. Johnny Depp – Axel n’a plus de parents et considère Jerry Lewis – Leo comme son père et son mentor. Attiré par New York, gravitant entre la haine et ce qu’il appelle l’amour, Axel croit aimer Elaine (Faye Dunaway) alors qu’en fait il inverse tous les rôles. Confondant rêves et cauchemars, espoirs et impasses, le film entremêle des performances d’acteurs que l’on ne peut, malheureusement, considérer cathartiques tant elles semblent vaines, dans un charivari caustique et mimétique où l’Arizona est une Yougoslavie de substitution, les rêves sont des réalités et inversement.

Pourtant, le talent de Kusturica ne peut être remis en cause tant certaines séquences sont savoureuses (les multiples tentatives de construction de l’avion, le premier dîner) mais ne pèsent pas lourds au regard des cauchemars éveillés qui émaillent et sabordent le film. D’ouvert en début, le film peu à peu s’enferme dans une succession de saynètes qui, telles des fuites dans le moteur, finissent par échouer l’œuvre sur un banc de sable. De plus, les parallèles tracés par Kusturica entre le ballon/les esquimaux et Axel/la vie dans la maison sont contraires à ce que la voix off assène régulièrement tout au long du film.

Dans le rêve-film qu’est l’œuvre de Kusturica, c’est une abstraction qui se cache, et pire, une incompréhension fondamentale de ce que le cinéma dit, même celui qu’il cite : les caractères plus grands que nature, les grands acteurs et les metteurs en scène mythiques ne savent pas le fin mot de leur Histoire, Kusturica fait comme s’il la connaissait déjà. Même si sa proposition n’est pas convenue, elle est altérée, évanescente, non pas invisible mais dissimulée à elle-même.

Que dire du personnage de Leo puisque le film est dédié au père de l’auteur ? La nostalgie qui se lit dans le traitement fait par Jerry Lewis de son personnage dit plus sur l’auteur lui-même que les lignes de description sans doute présentes dans le scénario original : en fait d’absurde et rêvé, c’est un néant devant lequel Kusturica tend un tableau chatoyant et changeant. Un cache misère en reste un, la lâcheté en plus.

Ce qu’il faut reconnaître c’est ce qu’obtient le réalisateur bosniaque de ses acteurs, les mythes comme les révélations, Johnny Depp comme Faye Dunaway, et même s’ils tournent en rond ils déploient une énergie et une puissance d’incarnation qui sauve la partie émergée d’un iceberg qui fond comme neige au soleil à mesure que les plans s’égrènent.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bad critique; Arizona Dream est un chef d'oeuvre, il faut le voir avec des paillettes dans les yeux et de la poésie dans le coeur.
Le soleil c'est ce magnifique film, l'iceberg c'est cet article.

Unknown a dit…

Cette critique vient probablement d'une personne qui n'aime pas le cinéma! Si on ne sait pas reconnaître un chef d'œuvre à sa juste valeur autant regarder des films à gros budget, et d'ailleurs c'est ce que je conseille cette personne qui a poster cette critique, Car le cinéma se portera bien mieux de votre sens critique erroné